Les TOC : symptômes et traitements

Par Marie-Céline Ray - Journaliste scientifique Publié le 20/03/2024 Mis à jour le 20/03/2024
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Les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) ne sont pas une fatalité : des thérapies peuvent aider à en venir à bout.

C'est quoi un trouble obsessionnel compulsif ? Comment se manifeste le TOC ?

Les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) touchent environ 2 % de la population. Les personnes qui en sont atteintes ont des pensées intrusives et répétitives pénibles (comme la peur d’une contamination) et se sentent obligées d'accomplir de longs rituels pour réduire leur gêne : nettoyer, vérifier… Ces obsessions génèrent de l'anxiété et des angoisses. Les rituels permettent à l'individu de neutraliser ses idées obsédantes.

Les TOC touchent souvent des sujets jeunes. D'après l'Inserm, ces troubles débutent avant l'âge de 25 ans dans 65 % des cas.

Les différentes obsessions et pensées intrusives : liste d'exemples de TOC 

Voici une liste d'obsessions fréquentes dans les troubles obsessionnels compulsifs :

  • la propreté, conduisant à des rituels de lavages fréquents ;
  • l’ordre, la symétrie, poussant l'individu à ranger ; 
  • la peur de faire une erreur, de commettre des actes impulsifs violents, d'être responsable de catastrophes ;
  • le sentiment excessif de responsabilité vis-à-vis d'autrui.

Tic ou toc : l'exemple du syndrome Gilles de la Tourette

Le syndrome de Gilles de la Tourette est une maladie neurologique caractérisée par des tics moteurs et vocaux. Les tics sont des mouvements brusques, répétés et involontaires, comme des clignements d'yeux, des haussements d'épaules, voire de petits cris. D'après l'Institut du cerveau, les tics ont les caractéristiques suivantes :

  • ils sont transitoires et contrôlables par la volonté ;
  • ils augmentent en cas de stress et dans la phase de détente après un stress ;
  • ils diminuent avec la concentration nécessitée par une tâche ;
  • ils sont précédés par une sensation prémonitoire (brûlure, mal-être, tension) qu'ils soulagent quand ils sont réalisés.

Toutefois, en plus de leurs tics moteurs et vocaux, une part importante des patients souffrant du syndrome Gilles de la Tourette ont aussi un TOC.

Avoir des TOC : les risques de mortalité et de maladies

D'après la Dre Lorena Fernández de la Cruz, chercheuse à l'institut Karolinska (Suède), les personnes atteintes de TOC présentent "des risques accrus de maladies pulmonaires, de troubles mentaux et comportementaux, de maladies des organes urinaires et reproducteurs, de maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliques, de maladies des vaisseaux sanguins, du système nerveux et de l'appareil digestif."

Dans une étude récente, son équipe a montré que le fait de souffrir de TOC augmente le risque de mortalité (1). Les chercheurs ont utilisé les registres de la population suédoise pour comparer un groupe de 61 378 personnes ayant reçu un diagnostic de TOC à 613 780 personnes sans TOC. Les deux groupes ont été suivis pendant plus de quarante ans, de 1973 à 2020.

Taux de survie des personnes avec un TOC (OCD) ou non.
D'après Fernández de la Cruz et al, BMJ 2024.

Résultats : les personnes atteintes de TOC mouraient à un âge moyen plus précoce (69 ans) que les personnes sans TOC (78 ans). Le risque de décès au cours de la période d’étude était 82 % plus élevé dans le groupe souffrant de TOC. L'augmentation du risque de décès était attribuable à la fois à des causes naturelles (augmentation du risque de 31 %) et à des causes non naturelles (augmentation du risque de 230 %). Parmi les causes de décès non naturelles, le suicide était le principal facteur d'augmentation de la mortalité, avec un risque presque cinq fois plus élevé.

Pourquoi les TOC apparaissent ? Comprendre les causes des TOC

Actuellement, nous ne savons pas quelles sont les causes exactes des TOC. Des recherches sont menées pour mieux comprendre ces maladies, et les régions cérébrales impliquées dans les compulsions ont aujourd’hui été identifiées. D'après l'institut du cerveau, "grâce aux techniques d’IRM fonctionnelle ou de magnétoencéphalographie, les chercheurs ont mis en évidence le dysfonctionnement de deux zones cérébrales distinctes dans le lobe frontal, les régions orbito-frontale et préfrontal ventromédiale. Des zones plus profondes du cortex jouent également un rôle essentiel dans ces troubles, les ganglions de la base."

Le traitement des TOC

Tout comme les troubles anxieux, les TOC peuvent être traités par des médicaments, mais surtout grâce à une prise en charge psychologique et/ou psychiatrique.

Le traitement des TOC en psychologie et psychiatrie

Le traitement médicamenteux n'est pas préconisé en première intention. Mais pour des troubles anxieux modérés à sévère, un traitement de fond est possible pour les adolescents plus âgés, avec des antidépresseurs. Le site de l'assurance-maladie précise qu'en cas de TOC modéré à sévère de l’adolescent, deux molécules possèdent des autorisations de mise sur le marché (AMM) : la sertraline, et le clomipramine pour les patients adolescents de 10 à 18 ans (mais sa prescription est réservée aux centres spécialisés).

Si besoin, des anxiolytiques peuvent être prescrits de manière temporaire en fonction de l’âge, et en limitant l’utilisation des benzodiazépines. Même en cas de traitement par des antidépresseurs (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine ou ISRS), le taux de rémission après 10 ans reste faible, de l'ordre de 20 %. De plus, les TOC prédisposent au risque de dépression. 

Un accompagnement psychologique est donc nécessaire en cas de TOC.

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC)

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont prouvé leurs bénéfices dans les troubles du comportement comme l'anxiété, et donc dans le cas des TOC. Ces thérapies partent du principe qu’il existe un lien étroit entre les idées, les émotions et les comportements. Elles amènent la personne à reconsidérer les choses sous un autre angle, de manière plus objective, ce qui conduit à remplacer les idées négatives et les comportements inadéquats par des pensées et des réactions plus adaptées à la réalité. Ces thérapies ont montré leur efficacité contre les TOC, y compris lorsqu'elles sont réalisées en ligne (2).

Associer méditation et qi gong : l'expérience du Pr Tu-Ahn Tran au CHU de Nîmes

Le professeur Tu-Anh Tran est chef de service de pédiatrie au CHU de Nîmes. Il utilise depuis plus de 15 ans la méditation pour apaiser ses jeunes patients, comme il l'a décrit dans son premier livre Méditasoins, dans lequel il décrit des exercices de méditation à destination des enfants.

Dans un deuxième livre paru en 2023, Méditamouv’, le Pr Tran propose un ensemble de méditations en mouvement pour les jeunes en proie à des orages émotionnels. Il y relate son expérience avec un enfant de 10 ans, Théo, qui présentait des signes du spectre de l’autisme, mais aussi des TOC. Théo avait une phobie des insectes volants, en particulier les abeilles, depuis qu'il avait été "attaqué" par une abeille lors d'un repas en extérieur. "Il n’avait pas été piqué, raconte le Pr Tran, mais sa grand-mère avait hurlé si fort qu’il a gardé cet effroi en mémoire. Lors des sorties de classe dans la nature, sa vérification de la sécurité est à son comble. Il épie tous les bruissements d’ailes d’hyménoptère. Il redoute les attaques-surprises de «drones» minuscules. La sortie est pour lui un parcours du combattant jonché d’ennemis."

Sa vie est un enfer de vérification

Le TOC se manifeste aussi en intérieur : "À la maison, avant de dormir, il fait des rondes pour être sûr qu’aucune bête volante ne s’est introduite chez lui durant la journée et l’attaquerait la nuit. Son papa dit que sa vie est un enfer de vérification."

Pour le Pr Tran, Théo se sent en insécurité car il a enregistré une sensation d’effroi dans son corps lors de ce souvenir traumatisant. Il a ensuite mentalisé cet évènement qui est devenu obsessionnel. Il faut qu’il extériorise cette peur et la remplace par une sensation rassurante.

Afin de neutraliser ses phobies, le Pr Tran lui apprend l'exercice du "dragon crachant le feu du cœur" en basculant sa tête vers un genou à l’expiration forcée, suivi de coups de poing mimant les "griffes du tigre". Résultat : "Après 2 mouvements de chaque côté, il est déjà calmé et sourit. Il les répète devant moi pour m’assurer qu’il a bien appris. Je lui recommande de pratiquer ces exercices la prochaine fois qu’il sort avec sa classe, dès que son obsession des mouches et des abeilles revient."

Que s'est-il passé ensuite ? À chaque fois que le sentiment d’insécurité surgit, Théo demande à s’isoler pour pratiquer l’exercice du «dragon» et celui du «tigre». "Comme par magie, le film qui se déroule dans sa tête s’interrompt."

Pour aller plus loin, lire : Méditamouv'

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